La Compagnie Littéraire : Christiane Efoutame, bonjour. Vous venez de publier un ouvrage poétique qui se lit comme un roman intitulé : L’homme au capuchon vert. La première question qui s’impose à nous est : Qui est cet homme au capuchon vert ? Il est tellement omniprésent dans votre livre qu’on a envie de le connaître.
Christiane Efoutame : L’homme au capuchon vert est un inconnu rencontré dans un bus en allant au travail, il était adossé sur la vitre et portait un mystérieux capuchon vert froissé qui cachait la moitié de son visage. Je pense que je n’ai pas quitté les yeux de cet homme pendant ce qui semblait être une éternité. Je l’ai trouvé beau, énigmatique et attirant. Quand il a baissé son capuchon vert, j’ai pu me confronter à la réalité de qui il était, cependant mon imagination a continué à vagabonder durant tout le trajet. Je sortais d’une relation tumultueuse qui s’est finie tragiquement, je cherchais alors à exprimer tous les non-dits que je gardais au fond de moi. Cet homme au capuchon vert est devenu une inspiration. À la fois bourreau et soupirant, il m’a permis d’exprimer mes émotions sans filtre, tout en poésie.
L’homme au capuchon vert représente cette personne à qui on aurait aimé dire ce qu’on ressent sans jamais pouvoir le faire.
La Compagnie Littéraire : Dans votre avant-propos, vous écrivez – je vous cite – À quel point sommes-nous maîtres et maîtresses de ce temps amoureux qui s’écoule sans qu’on y fasse réellement attention ? Est-ce que ce bonheur nous définit plus que cette douleur qui ne nous quitte jamais ? Avez-vous une réponse à ces questions ou tout au moins une piste ?
Christiane Efoutame : Eh bien ! après réflexion, je pense que nous sommes définis par tout ce qui nous entoure : le temps, le bonheur et la douleur. Nous sommes comme des éponges d’émotions, tout y passe. Le temps nous change, le bonheur nous nourrit et la douleur nous fait grandir.
La Compagnie Littéraire : Vous évoquez parfois la part du hasard dans ce qui nous arrive : croyez-vous au destin ?
Christiane Efoutame : Bonne question ! J’aime l’idée que chaque difficulté de la vie nous prépare à quelque chose de meilleur, j’aime l’idée du destin. C’est une manière de se rassurer, de se dire qu’il y a un but à toute cette cacophonie que représentent nos vies fugaces. Mais je chéris ma liberté, la liberté de savoir que tout peut arriver et que rien n’est certain. Je crois au destin seulement si je peux le changer.
La Compagnie Littéraire : Pour en revenir au livre et à vos personnages, qu’est-il arrivé à cette jeune femme qui nous raconte son histoire ? On devine un amour déçu, la présence d’un enfant qui n’a pas eu le temps de s’installer sur terre, mais que fait-elle dans ce bus et tout cela est-il bien réel ?
Christiane Efoutame : Si avez réussi à ressentir les émotions de cette jeune femme, si vous avez ressenti la perte qu’elle a vécue, si vous vous êtes imaginé dans un bus assise sur un siège à regarder un homme au capuchon vert ; si cela a été réel pour vous alors tout est bien réel. Certains poèmes de « L’homme au capuchon vert » sont disparates, certains se distinguent parce qu’ils n’ont pas pour but de suivre une logique littéraire, mais d’exprimer une émotion forte. Si elle a été réelle pour vous, c’est parce qu’elle a été réelle pour moi.
Mes personnages sont dans une bulle temporelle dans laquelle leur univers se réduit à ce bus et leur vie imaginaire ou pas est ponctuée par chacun de mes poèmes.
La Compagnie Littéraire : On a parfois l’impression que vous laissez le lecteur choisir le déroulement de l’histoire, entre rêve et réalité, comme dans les réveils matinaux où nous sommes encore pris par le dernier rêve qui s’estompe déjà, mais auquel l’esprit s’accroche encore. Est-ce voulu de votre part ?
Christiane Efoutame : Absolument, je voulais que le lecteur plonge dans mon monde sans bouée de sauvetage. Je voulais que le lecteur se noie dans mes mots, dans mes métaphores, dans mes récits, dans mes poèmes. Je voulais créer un bateau sans ancre qui voguerait entre rêve et cauchemars, un recueil de poèmes plein d’émotion qui laisserait le lecteur aussi perdu que retrouvé.
La Compagnie Littéraire : Les scènes se passent essentiellement dans un bus que la jeune femme emprunte. Elle y rencontre cet homme au capuchon vert. Il s’agit d’un espace clos qui roule… Que représente ce bus ? Est-ce une métaphore de la vie ? Du temps qui passe ? Ou cela évoque-t-il un enfermement ?
Christiane Efoutame : Le bus qui roule est une métaphore de la vie. Être dans une relation amoureuse, c’est comme être dans un bus qui roule. Chaque arrêt représente une étape de la vie, chaque panne représente les difficultés, chaque personne qui entre ne va pas forcément y rester, le plus important est de ne pas avoir envie d’en descendre. Dans mon recueil de poèmes, le bus représente la vie qui roule sur le chemin du temps.
La Compagnie Littéraire : Le thème de l’attente est récurrent dans votre ouvrage. Il s’exprime au travers des pensées de l’héroïne qui attend que l’homme au capuchon vert la voit, lui parle, l’aime… Puis à un moment, elle descend du bus, et vous écrivez alors (en parlant à travers elle) : ce que j’oublie en descendant du bus, c’est qu’il part toujours d’où il vient.
Pouvez-vous commenter cette phrase ?
Christiane Efoutame : Ce que je voulais exprimer était la fatalité des choses. Elle descend du bus avec une certitude d’avoir bouclé la boucle alors qu’il n’en est rien. Il n’y a pas de fin à la l’amour, ni à la tristesse. Nous nous retrouverons tôt ou tard à l’endroit que nous avons fui parce que c’est la vie : un éternel recommencement de choses que nous avons déjà vécu et que nous avons juré de ne plus vivre. Ce qui est intéressant, c’est que nous grandissons à chaque fois et chaque expérience peint, malgré tout, de nouvelles couleurs sur le tableau de nos vies.
La Compagnie Littéraire : Ce livre m’a paru terriblement romantique. On pense au mythe de l’éternel retour, comme si de toute façon rien ne finissait jamais. Et à la fin vous laissez entendre que cet homme au capuchon vert cède, en fait, à l’appel de la mer. Et vous dites : comme si quelqu’un l’attendait, comme si je l’appelais. Alors je ne peux m’empêcher de vous poser cette dernière question : cet homme au capuchon vert, l’avez-vous vraiment rencontré ?
Christiane Efoutame : Oui je l’ai rencontré, il m’a inspiré plus que je ne l’aurais imaginé. Il est devenu l’exutoire de mes amours et de mes peines.
Commander L’homme au capuchon vertNous remercions Christiane Efoutame d’avoir répondu à cette interview signée Monique Rault. Le recueil de poèmes « L’homme au capuchon vert » est disponible sur Fnac.com, Amazon, Decitre, les librairies du réseau Place des librairies et Dilicom et plus généralement en commande dans toutes les librairies de France et de Navarre.