Venant tout droit du Japon, le haïku est une forme d’art poétique aujourd’hui très populaire. Il n’emploie pas les rimes, il prône souvent un langage ordinaire, et ses règles d’écriture restent assez simples à saisir pour un néophyte.

Son sujet de prédilection ? Décrire une expérience personnelle en lien avec la nature et plus précisément avec les saisons !

Voici comment procéder pour écrire un haïku.

Le haïku est une forme poétique apparue au Japon au XVIIe siècle. Il répond à des codes assez stricts que l’on doit au maître Bashō Matsuo, considéré comme l’un des trois grands maîtres du haïkaï classique japonais. Il se compose de trois vers de 17 syllabes et comprend un mot de saison et un mot de césure.

Longtemps appelé “haïkaï” en référence à l’abréviation de haikai no renga, un court poème léger, humoristique et même parfois grivois, il prend le nom de haïku à la fin du XIXe siècle grâce à Masaoka Shiki. Le haïku évoque une saison et les sensations éprouvées par son auteur.

Si les haïkus d’aujourd’hui dérogent parfois un peu aux règles d’origine et que la nature n’est plus toujours aussi omniprésente, son essence, portée par les poètes au fil des siècles ou par de simples adeptes, reste pleinement entière.

De l’art d’écrire un haïku

Dans l’imaginaire collectif, le haïku japonais est souvent difficile à maîtriser en raison de ses codes – il est certain que l’on est loin des vers libres. Néanmoins, en pratique, il suffit d’appliquer les règles de base et en comprendre les différentes subtilités ! Finalement, pour vulgariser, il ne s’agit ni plus ni moins d’une phrase composant un petit poème.

Les règles de base

La forme du haïku est très spécifique. Il s’agit d’un poème bref en trois vers avec des contraintes syllabiques (5 – 7‑5), composé de 17 mores (unité phonologique), comprenant un mot de césure – le kireji et un mot de saison – le kigo.

Le kigo ou mot de saison

Le kigo est un mot de saison – ou une expression – qui fait référence à la saison décrite dans un haïku. Il sert d’une part à ancrer le poème dans un contexte temporel, tout en faisant partager au lecteur l’atmosphère et les émotions ressenties face à cette contemplation.

Si un kigo peut être explicite, il peut également être métaphorique.

Voici quelques exemples de kigo : 

  • printemps : brise printanière, cerisiers en fleurs, hirondelles, bougeons,
  • été : chaleur étouffante, chant des cigales, brise-marine,
  • automne : feuilles rouges, moisson, vendanges, 
  • hiver : première neige, froid mordant, feu au coin d’une cheminée.

Le kireji ou mot de césure

Autre élément incontournable du haïku : le kireji ou mot de césure – il peut aussi s’agir d’une expression. Il sert à marquer une pause dans le texte, à créer un contraste, à renforcer une émotion tout en donnant du rythme, mais aussi parfois à atteindre le nombre de mores requis. 

En japonais, on emploie souvent les particules enclitiques “ya” (や), “kana”( 哉 ou かな) ou “keri (けり), des termes difficilement traduisibles puisqu’il n’existe pas d’équivalent. En français, la césure dans un haïku peut être marquée par des signes de ponctuation ou des espaces.

Mores, syllabes, quelle différence ?

La more, en phonétique, est une unité phonique. Elle correspond soit à une syllabe brève, soit à une partie d’une syllabe longue. Cependant, pour écrire un haïku en français, il suffit d’appliquer la règle selon laquelle 1 more = 1 syllabe. Un haïku comprend donc en tout une structure syllabique de 17 syllabes. 

De la nécessité de trouver l’inspiration

Maintenant que vous connaissez les règles de bases à respecter pour écrire un haïku, il ne vous reste plus qu’à trouver l’inspiration. Pour ce faire, il est important d’être dans une bonne disposition mentale. Si vous êtes trop distrait, si vous êtes dans une période de stress, il vous sera plus difficile d’écrire et de faire preuve d’attention envers ce qui vous entoure. 

Aussi, il est important de vous connecter à la nature, de faire travailler vos sens, d’observer. Un haïku n’est pas un poème autocentré ni un pamphlet sur le spleen. Il s’agit de quelques lignes simples qui ont pour objectif d’offrir une expérience au lecteur, tout comme celle que vous avez vécue en contemplant la nature et ses éléments !

Quel style adopter ?

Le haïku est un genre poétique réputé être simple. Vous n’avez pas besoin d’utiliser un langage compliqué ni de vous perdre en métaphore. Ce qui compte c’est de retranscrire l’instantanéité, véhiculer des émotions et créer une atmosphère. C’est pourquoi le temps de prédilection est généralement le présent. 

Attention aux règles de versification françaises

Si le haïku est un poème japonais, dès lors que vous écrivez en français, il faut vous conformer aux règles de versifications de la poésie française pour respecter le nombre de syllabes (5 – 7‑5). Voici les règles auxquelles il vous faut être attentif pour composer un haïku :

  • le “e” caduc :
    • lorsqu’il est placé en fin de vers, il ne compte pas pour une syllabe. 
    • à l’intérieur d’un vers, le “e” caduc s’élide s’il est placé devant un “h aspiré” ou “une voyelle”. 
    • il compte s’il est suivi de “s”, de “nt”, mais pas s’il est suivi de “aient”.
  • la synérèse : certains mots composés de deux sons vocaliques peuvent être prononcés en une seule syllabe. Ex : “Hier”.
  • la diérèse : une syllabe comportant deux sons vocaliques peut être divisée en deux. Ex : dans le mot passion. On peut le compter pour deux syllabes : pa/ssion ou pour trois : pa/ssi/on.

Pour en savoir plus sur les règles de versifications en français, nous vous invitons à consulter l’article suivant : e caduc, synérèse/diérèse, enjambement.

Lire des haïkus… du monde entier

Pour maîtriser l’art du haïku, il est aussi important de s’ouvrir au monde et découvrir les textes des haïjins – auteurs de haïkus. Vous pouvez lire les quelque 2 000 haïkus du pionnier du genre, Matsuo Bashō, ceux de Yosa Buson, l’inventeur du haïga – une peinture/image accompagnée d’un haïku – ou encore ceux de Kobayashi Issa, des textes davantage personnels et romantiques. Le haïku a profondément marqué la littérature japonaise, et ce même avant l’avènement de l’influence occidentale.

Plus vous lirez de haïkus, plus vous serez vous-même sensible à exprimer l’instant présent, décrire un événement naturel, jouer avec la notion de double sens, le tout dans les quelques lignes d’un poème court ! 

Ne négligez pas non plus les haïkus écrits en langue française – les textes traduits perdent hélas toujours un peu en cachet – ceux de Julien Vocance, par exemple, qui s’est illustré dans l’écriture de haïku sur la Première Guerre mondiale, de Paul-Louis Couchoud, d’André Faure ou encore d’Albert Poncin, également anciens poilus. Il est possible aussi de citer Jean Antonini, un poète contemporain qui a fait du haïku son genre de prédilection. 

Quelques exemples de haïkus

Afin de conclure cet article sur l’origine et la manière d’écrire un haïku, voici quelques exemples célèbres de maîtres japonais :

  • Envolée / La première luciole – Du vent dans ma main – Kobayashi Issa
  • De quel arbre en fleur ? / Je ne sais – / Mais quel parfum ! Matsuo Bashō
  • L’herbe des champs / Libère sous mes semelles / Son parfum. – Masaoka Shiki

Vous pouvez retrouver d’autres haïkus à cette adresse : https://www.eternels-eclairs.fr/haikus-basho-buson-issa-shiki-santoka.php

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