Éditions la Compagnie Littéraire : Laurence Klein, bonjour. Vous avez publié dans notre maison d’édition un recueil poétique intitulé : La ballade pour Nakita – suivi de Lignes de vie. La ballade pour Nakita commence par ces mots : « Il est une légende/Jusqu’au fond des campagnes… La légende des genêts d’or. » D’où connaissez-vous cette légende ?

Laurence Klein : Cette légende est née de mon imagination, une fascination à 17 ans pour une amie iranienne intelligente et belle, Nakita. Son souvenir ne m’a jamais quitté.

Éditions la Compagnie Littéraire : Cette légende parle d’une princesse qui s’ennuie dans le palais de son père. Donc, seule solution en vue, il va « la marier ». Ce récit que vous mettez en vers semble résumer une certaine condition féminine, il n’y a pas encore si longtemps. Quels commentaires cela vous inspire-t-il ?

Laurence Klein : J’évoque cette condition de femme, fille, ou épouse soumise qui reste malheureusement actuelle et le courage, on peut dire même l’héroïsme de ces femmes pour s’en libérer parfois au prix de leur vie.

Éditions La Compagnie Littéraire : Le roi, son père, compte sur « le cuisinier » pour que la fête soit réussie. Un clin d’œil aux plaisirs de la table et à un certain confort. Même si on est dans un conte, une légende, qu’en pensez-vous ?

Laurence Klein : Un clin d’œil épicurien, pas toujours associé au bonheur

Éditions La Compagnie Littéraire : Nakita entend les propos de son père qui lui a trouvé « un bon fiancé ». Le jour de la fête arrive, mais « La Belle s’est enfuie ! », emmenant ses servantes et ses malles remplies de pièces d’or. Elle est allée prendre la mer. La mer, c’est l’aventure de la vie. C’est avant tout la liberté pour notre princesse. Elle a quitté son château pour aller découvrir le monde. Elle est libre, mais d’autres épreuves l’attendent. Finalement un jour, la tempête l’emporte. Pourquoi cette tempête ? Que symbolise-t-elle ?

Laurence Klein : Les obstacles de la vie, la fragilité de la liberté.

Éditions La Compagnie Littéraire : La princesse aurait-elle fait tout cela pour rien ? Non, car une sirène vient à son secours. On pense au conte d’Andersen où « la petite sirène » vient porter secours à un prince dont elle tombe amoureuse ; ici rien de tel, elle porte secours à « une sœur ». Qu’en pensez-vous ?

Laurence Klein : Solidarité féminine, une autre forme d’amour spontané et sincère

Éditions La Compagnie Littéraire : Mais la sirène échoue, la tempête domine. Toutefois, la princesse avait sa malle que la sirène emporte. La magie fait le reste : les elfes, les lutins, les nains vont en prendre possession pour semer les pièces d’or sur la lande. Elles deviendront des fleurs : les genêts d’or. Un moyen de faire profiter tout le monde d’une richesse qui ne se monnaye plus en pièces d’or, mais en beauté partagée. Cela correspond-il au message que vous avez voulu transmettre ?

Laurence Klein : Un réjouissant partage, en couleurs, en odeurs ..

Éditions La Compagnie Littéraire : Après cette ballade, une deuxième partie intitulée « Lignes de vie » fait suite à votre écriture. On y parle toujours de fleurs, mais aussi d’astrologie, de philtres, de sépultures : tout un univers à la fois onirique et mystérieux. Pourquoi ce passage avant d’arriver au poème intitulé « Complainte de la précarité » ?

Laurence Klein : Un état d’esprit peut-être, entre la beauté du monde et la misère humaine

Éditions La Compagnie Littéraire : Cette « Complainte de la précarité » semble faire écho à la première partie de votre livre : Les pièces d’or de Nakita sont devenues des genêts d’or. Ils sont là pour tous. Ici, vous évoquez la solitude, le manque et la détresse. C’est un appel que vous faites à la solidarité et à l’humanité qui peut rester en nous ; vous dites à propos des gens de la rue : « ils n’ont même plus le poing serré ». Quelle solution entrevoyez-vous ?

Laurence Klein : Quand j’ai rencontré des personnes en précarité, c’est leur désespérance qui m’a paru le plus cruel de tous leurs maux, et j’avoue mon impuissance.

Éditions La Compagnie Littéraire : Le spectre du temps qui passe et de la vieillesse s’immisce dans votre recueil vers la fin. Est-ce résigné et nostalgique uniquement ou encore animé par le combat ? (« Tempêtes en mer, Danger. »)

Laurence Klein : Toujours le combat, mais pacifique bien sûr

Éditions La Compagnie Littéraire : Il semble qu’il y ait combat, mais en même temps déception (« Mère amère »). Les enfants ? Peut-on attendre d’eux ce qu’on leur a donné ? Difficile de répondre, parents métier impossible ?

Laurence Klein : Élever des enfants c’est en faire des adultes forcement différents de nous. Avec quelques aigreurs mais heureusement de belles surprises…

Éditions La Compagnie Littéraire : Et puis vous écrivez, avec « Tournoi », à la fin de votre recueil : « La source rejaillit /Malgré l’âge, les rides, Les deux cœurs réunis… » Message d’espoir ? En tout cas on veut le croire. Ou faut-il y voir une autre signification ?

Laurence Klein : Je vous laisse deviner.

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