La biographie de Marguerite de Navarre (ou Marguerite de Valois)
Marguerite d’Angoulême, également appelée Marguerite de Navarre (ou de Valois ou encore d’Alençon), naît le 11 avril 1492 à Angoulême. Surtout connue pour être la sœur de François 1er et la grand-mère du futur Henri IV, elle est d’abord une femme de lettres et une philosophe.
Orpheline de père très jeune, l’éducation qu’elle reçoit s’articule autour de trois grands axes. Il y a d’abord tout ce qui touche au corps. Marguerite de Navarre par exemple sait nager et monte à cheval, ce qui n’est pas chose si fréquente à cette époque… Et ce thème du corps sera d’ailleurs récurrent dans son œuvre et nourrira sa sensibilité poétique. Mais Marguerite reçoit aussi l’éducation qui convient à une jeune fille de son temps et de son rang. Elle sait broder et prend même goût à cette activité, elle est très réputée à la Cour pour ses travaux de broderie. Enfin, troisième aspect de son éducation, elle reçoit une formation intellectuelle de grande qualité, marquée par un humanisme italianisant structuré autour du latin, du grec et de la philosophie. De cette formation humaniste, elle gardera notamment un goût prononcé pour les études grecques.
Une femme de lettres très instruite
C’est l’une des femmes les plus instruites de son temps, elle parle plusieurs langues. À treize ans, elle parlait l’italien et l’espagnol comme le français, elle connaissait un peu de grec, de latin et d’hébreu. Plus tard, elle fit de sérieuses études philosophiques et théologiques.
Grande, élancée, le nez un peu long, elle avait un teint éblouissant et charmait par ses yeux pétillants et son sourire enjôleur. On la maria très jeune (le 12 décembre 1509) à Charles, duc d’Alençon, qu’elle n’aimait pas et qui mourut en 1525. Deux ans plus tard, elle épousa Henri d’Albret, roi de Navarre, son cadet de douze ans, dont elle semblait éprise mais qui ne la rendit guère plus heureuse. À la Cour de France comme à Nérac, Marguerite de Navarre fascine tous ceux qui l’approchent. Elle joue à la cour de France un rôle politique et moral important : elle protège des écrivains en butte aux poursuites à la Sorbonne.
Marguerite de Navarre, une penseuse qui a marqué son époque
Elle fait de la cour de Nérac un foyer de l’humanisme, une cour très engagée politiquement comme religieusement, un refuge pour les esprits libres et les persécutés. Elle s’entoure d’érudits, de poètes et d’artistes, se liant avec Marot (qui écrira à son propos : « Corps féminin, cœur d’homme et tête d’ange »), Rabelais, Dolet, Briçonnet, Calvin, plus tard avec Maurice Scève et Louise Labé (dont nous parlerons dans notre prochain article). Sa petite cour devient un foyer d’humanisme. Cette fervente chrétienne s’intéresse également aux idées de la Réforme, elle souhaite avec les Évangélistes (dont Rabelais qu’elle protège) une réforme de l’Église et fait tous ses efforts pour réconcilier catholiques et protestants. Amoureuse inconditionnelle de la liberté, son attitude vis à vis des croyances religieuses est marquée avant tout par la tolérance. Pour celle qui a écrit « Où est l’esprit divin, là est la liberté parfaite », l’accès aux vérités divines ne pouvait passer que par un acte de liberté. Au reste, après avoir soutenu Calvin, elle condamnera son intransigeance avec la même vigueur qu’elle avait repoussé le fanatisme catholique. Cet esprit de tolérance transparaît également dans le domaine moral. La considération d’une nature humaine pétrie de faiblesses – faiblesses du corps, de la chair, et de l’esprit – devrait nous incliner à tolérer les manquements d’autrui. La première des vertus pourrait bien être la charité, cette disposition du cœur qui nous commande d’aimer notre prochain en dépit de sa faiblesse.
Son œuvre littéraire
L’œuvre la plus connue de Marguerite de Navarre est un recueil de nouvelles “Heptaméron”, publié en 1558 – 1559. Se proposant d’imiter le “Décaméron” (1350) de l’Italien Boccace, elle n’eut le temps de composer que 72 nouvelles, d’où le titre d’Heptaméron. Ses récits font alterner la galanterie et la violence avec le tragique et l’amour pur. Des commentaires accompagnent chaque récit et mettent en évidence une morale où les jugements du cœur et de la conscience semblent plus importants que ceux de la famille ou de la société. Mais elle écrira également de nombreux recueils de poèmes, essais ou encore farces : Le Dialogue en forme de vision nocturne, Le Miroir de l’âme pécheresse, Les Marguerites de la Marguerite des princesses, Les Chansons spirituelles, La Comédie du désert, La Fable du Faux Cuyder, Le Malade, L’Inquisiteur, Trop, Prou, Peu, Moins…
Il s’agit du dernier portrait de la reine Marguerite de Navarre. Repris et recopié à de nombreuses reprises, il est devenu au XVIe siècle son portrait officiel.
Ses travaux littéraires ne l’empêchent pas de s’intéresser à son royaume, qu’elle administre avec son mari. En 1528, elle met au monde une fille, Jeanne d’Albret, la future mère d’Henri IV.
Elle meurt à Odos, près de Tarbes, le 21 décembre 1549.
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