Si les supports de lecture se diversifient, les adeptes de la lecture ne disparaissent pas : la variété des supports bien au contraire multiplie les occasions de se délecter d’un bon livre.
Les lecteurs sont de plus en plus nombreux
Parce que les ordinateurs et autres tablettes en tout genre envahissent nos sphères de vie, nous serions tentés de suivre la nuée des représentations trop souvent ancrées, et affirmer, bien à tort, que la lecture n’existe plus. N’entend-on pas en effet fréquemment prétendre que les jeunes ne lisent pas – de moins en moins –, ou qu’Internet, ayant bouleversé les habitudes de distraction des individus, ne créerait que de futurs adultes incultes, éloignés de toute considération livresque ? Il n’en est rien.
En premier lieu, il est intéressant de relater les résultats d’une enquête récente sur les pratiques culturelles en Occident : le nombre de lecteurs est en hausse globalement, dès lors que l’on considère de façon indifférenciée l’origine de leurs lectures : livres, magazines, quotidiens, hebdomadaires régionaux. Ce qui est rassurant… et autorise à conclure qu’Internet n’a pas appauvri la pratique ; la toile n’a fait que changer, plutôt diversifier le support de nos lectures.
En deuxième lieu, s’il est avéré que les plus jeunes lisent moins, s’adonnant davantage aux jeux vidéo et à toute forme de communication via leurs téléphones mobiles, il est en revanche intéressant de relever l’apport très positif de la technologie numérique, ainsi qu’en témoigne Jonathan Douglas, directeur de la National Literacy Trust : « Notre étude confirme que la technologie joue un rôle central dans le développement de l’alphabétisation des jeunes et de leurs choix de lecture. Alors que nous nous félicitons de l’impact positif que la technologie apporte en nouvelles possibilités de lecture pour les jeunes, il est essentiel que la lecture sur papier ne soit pas mise de côté. »
Enfin, et considérant plus précisément la lecture de livres, celle-ci reste toujours considérée comme “l’activité ayant la plus grande valeur culturelle” pour 32% des personnes interrogées, selon une enquête récente.
Quelle belle opportunité que de pouvoir choisir son support de lecture
Par ailleurs, le débat papier versus numérique semble gagner en considération nuancée. Aussi la crainte selon laquelle le livre numérique tuerait tôt ou tard le livre papier s’éloigne-t-elle indubitablement : alors que 39% des français en étaient convaincus en 2011, ils ne sont plus que 27% aujourd’hui.
Le livre papier reste ainsi le support le plus apprécié par 73 % des lecteurs français.
Si l’on ne peut présager des tendances que réserve l’avenir, il reste indéniable que les deux supports que sont le papier et le numérique ne doivent pas s’engager dans une concurrence effrénée : ils auront l’un comme l’autre toujours leurs adeptes, en exclusivité, ou en utilisation partagée, et c’est bien ainsi. Que peut-on en effet souhaiter de mieux en tant que lecteur que la possibilité oh combien précieuse de pouvoir choisir ? Et si d’autres supports étaient davantage développés, comme le livre audio, en braille… cela ne serait que source de satisfaction grandissante.
Le plaisir irremplaçable du livre papier
Tenir un livre entre ses mains, prendre le temps d’observer la couverture, rêver en tournant les pages, sentir le papier glisser sous ses doigts, effleurer la surface couverte d’encre, l’odeur particulière du document et la nostalgie du contact, relire le petit mot laissé par celle ou celui qu’il a offert… tout cela contribue à faire de chaque lecture un véritable moment de plaisir pour le lecteur. En effet, pour ce dernier, le fait de lire n’est pas simplement un moment durant lequel il absorbe des mots, des idées et des histoires… c’est aussi un moment durant lequel il part en voyage : le livre qu’il tient entre ses mains est un peu comme son billet. Il symbolise, de manière concrète, son passage d’un univers à l’autre, d’une époque à l’autre, ou bien encore d’un esprit à l’autre.
Ce même lecteur trouve beaucoup plus confortable et pratique de tenir un livre entre ses mains plutôt qu’une liseuse. Tout d’abord, sa concentration est plus aisée et plus soutenue sur un livre que sur un écran. Ensuite, l’exposition à l’éclairage d’une liseuse ne favorise pas toujours l’endormissement.
Le plaisir de se rendre en librairie ou en bibliothèque, de chercher, de fouiller les étagères propres ou poussiéreuses, de feuilleter les pages et de lire des extraits d’un livre ouvert au hasard est inégalable.
Enfin, les livres sont souvent pour le lecteur des outils de référence, des sources d’inspiration et de réflexion. Ce dernier apprécie par conséquent de pouvoir glisser quelques notes au fil des pages et de s’y référer quand bon lui semble.
Le livre numérique et ses avantages incontestables
L’achat d’un livre numérique est instantané, et possible en tout lieu : quelques clics sur un site en ligne suffisent. Son coût final est moins élevé que celui du livre papier.
Le support, compact et léger, a le double avantage du poids et d’une capacité de stockage importante : le lecteur est ainsi exonéré d’un choix préalable d’ouvrages à emporter lors de ses déplacements.
Le livre numérique est incontestablement facile d’utilisation, offrant confort et souplesse dans la lecture : passage d’un chapitre à l’autre, placement de signets ou sur lignage, modification de la taille des caractères… autant d’opérations faciles à effectuer.
En cas de perte du fichier, il est possible de le télécharger à nouveau, à partir du dossier d’achat.
Le livre audio, encore discret, n’est-il pas promis à un bel avenir ?
Qu’il soit sur CD ou totalement dématérialisé, le livre audio semble avoir un bel avenir devant lui, si l’on s’en réfère à de récentes études.
Reconsidérer son historique et son inscription dans la tradition orale de multiples civilisations sera une première approche. La seconde approche permettra de mettre en exergue les nombreux avantages, dont sa grande souplesse d’utilisation. Enfin seront examinées les perspectives d’évolution prometteuses.
Destiné alors principalement à un jeune public, ainsi qu’à des personnes malvoyantes, le livre audio a fait son apparition au XXe siècle pour se développer jusqu’aux années 60. S’ensuivit une stagnation, avec l’apparition de nouveaux media, notamment celui de la télévision. C’est sur fond de révolution numérique que le livre audio reprend actuellement toute sa place : un simple lien de téléchargement en permet l’acquisition.
Avant d’en examiner les enjeux et les avantages certains, il est intéressant de mettre en avant quelques chiffres.
Quatre mille titres sont disponibles sur le marché français, ce qui représente 1% du marché de l’édition, quand deux cent mille le sont sur le catalogue anglo-saxon, soit 10% de leur marché. Selon l’Association des éditeurs américains, sur la seule année 2015, la vente de livres audio a augmenté de 38%.
Si l’on considère les pays anglo-saxons comme ayant toujours une longueur d’avance – comme cela fut le cas pour les ebooks –, l’on peut alors considérer l’évolution de ce créneau en France avec un certain optimisme (encore 2/3 des livres audio sont sur support physique CD).
Il est intéressant à cet égard de pointer la sacralisation de l’écrit dans la culture française : tout jeune enfant est valorisé par son apprentissage de l’écriture et de la lecture silencieuse. Les supports audio et vidéo seront davantage considérés comme s’inscrivant dans la sphère du divertissement, quand le livre est symbole du savoir.
La voix peut sublimer un texte de façon remarquable
Si le jeune enfant est valorisé par l’apprentissage final de l’écriture et de la lecture silencieuse, n’est-il pas marqué néanmoins par les doux souvenirs que sont la lecture à voix haute faite par ses proches à l’heure du coucher, ou bien encore l’écoute de livres disques alliant voix et illustrations ?
C’est bien cette première expérience, orale, de la littérature qui s’inscrit dans l’esprit de l’enfant, suivie par l’apprentissage de l’écrit.
L’on peut alors aisément considérer qu’à l’âge adulte, le plaisir de l’écoute soit toujours bien présent.
Les avantages du livre audio sont en effet nombreux. De même que l’on écoute de la musique en voiture, dans les temps de loisir ou de transport, ou lors de l’exécution de tâches ménagères, un livre audio peut être une excellente façon de s’extraire de l’espace et du temps, de s’instruire, et de se laisser bercer par de magnifiques morceaux de littérature.
Pouvoir écouter une voix quand le contexte rend la lecture malaisée – bruit, inconfort de l’installation –, s’endormir sur les derniers vers de poésie quand les yeux se fatiguent, n’est-ce pas un véritable avantage amené par le livre audio ?
Par ailleurs, la voix peut sublimer un texte de façon remarquable, qu’elle soit celle de lecteurs connus – et très reconnus – comme Guillaume Gallienne ou Michael Lonsdale, ou celle de visages inconnus, dont l’interprétation peut ainsi créer des émotions jusqu’alors inédites.
Enfin, à la double dimension du texte et de la façon dont il est lu peut s’ajouter celle d’une composition musicale. Ce décloisonnement des disciplines peut créer une synergie tout à fait appréciée par l’auditeur.
Le livre audio a son Grand Prix
Le livre audio peut-il se réinscrire dans cette grande tradition orale de civilisations millénaires, ou en tout état de cause, satisfaire des modes de compréhension et de mémorisation forts différenciés d’un individu à l’autre ? En effet, chacun a sa propre dominante face à l’apprentissage, et au plaisir qui en découle : ainsi “l’auditif” sera-t-il davantage séduit par le livre audio.
D’après une enquête réalisée par Audible avec Ipsos, 38% des Français se déclarent intéressés par la lecture d’un livre audio dans les années à venir, alors qu’ils n’étaient que 10% en 2013. De même que 44% des parents le sont pour leurs enfants.
Le développement des technologies et de l’équipement des foyers en smartphones et tablettes en tout genre ne peut qu’en favoriser la pratique. Par ailleurs, force est de constater que les contenus éditoriaux sont de plus en plus variés, lorsqu’ils ne proposaient dans les premiers temps que des ouvrages de littérature classique.
Le travail de l’Association La Plume de Paon vaut d’être cité : contribuant au développement d’un portail francophone du livre audio, cette association strasbourgeoise a notamment été l’initiatrice du premier festival du livre audio en 2013, ainsi que du Grand Prix du Livre audio au Centre National du Livre.
Son travail tout à fait remarquable va dans le sens de la Commission des Affaires étrangères de la Francophonie : l’axe social, culturel et éducatif tel que préconisé par cette dernière permet de considérer le livre audio comme un support de choix. Ce dernier offre des perspectives pédagogiques (apprentissage de la langue), élargit la lecture aux publics empêchés, et répond à de nouveaux moments possibles pour la lecture.
Consciente du potentiel que revêt la lecture enregistrée à l’ère du numérique, et de la gestion nouvelle du temps et des loisirs, le Syndicat national de l’Édition a, quant à lui, créé une commission en charge de développer des partenariats institutionnels, de s’assurer de la présence du livre audio sur tous les lieux ad hoc, de réfléchir à la création d’un salon dédié, et plus globalement de réaliser une étude de perception sur les usages.
Aussi les perspectives du livre audio sont-elles réelles. En témoignent les implications et les actions menées par les différentes institutions ou structures sensibilisées à ce support.
Le développement quantitatif déjà bien amorcé va se poursuivre. De même peut-on imaginer que la lecture audio se fasse dans un esprit d’ouverture plus large, ainsi que le suggère l’acteur Jacques Weber : “le livre audio ne doit pas uniquement et toujours célébrer les gens reconnus, sages et classiques. Il convient aussi d’entendre les voix nouvelles et les écritures nouvelles (…) Pourquoi ne pas inventer un livre audio qui serait un dialogue entre un type de banlieue et un acteur de la Comédie-Française à qui on donnerait successivement Proust à lire ? Cela pourrait s’avérer magnifique.”
Longue vie au livre
Que de supports de l’écrit depuis plusieurs millénaires ! Que d’étapes depuis l’argile, la pierre, le papyrus, le bois, le tissu jusqu’au papier au XIIe siècle ! Que dire alors de la révolution de l’imprimerie au XVe siècle ?
N’a-t-on pas craint par la suite la disparition de l’écrit à la naissance de l’audiovisuel ? Il n’en fut rien.
Pour poursuivre à l’ère du numérique, révolution similaire dans sa force à celle de l’imprimerie, doit-on aussi s’alarmer de la possible disparition du livre, au profit de toute dématérialisation ? Non, les chiffres attestent du contraire : la juxtaposition des différents supports plutôt que leur substitution réciproque correspond davantage à la réalité. Cela rassure. Papier, numérique, audio… le livre reste un livre, et n’a encore jamais été détrôné. Longue vie à ce dernier, quelque soient les supports de lecture.
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