Aujourd’hui dans la rubrique Top Livres découvrez un sujet qui fascine chaque être humain que nous sommes : la mort. Ce leitmotiv, omniprésent dans la littérature inspire les poètes et les écrivains de tout genre, qui – comme vous allez le découvrir – y goûtent parfois de manière insolite. Voici notre TOP 5 des morts insolites des écrivains.

1) L’inadvertance d’un rapace : Eschyle – 456 av. J.-C.

Buste d'Eschyle
Eschyle

Il est le plus ancien des trois grands tragiques grecs avec Sophocle (496 – 406 av. J.C) et Euripide (485 – 406 av. J.C) et il est parfois considéré comme le père du genre tragique. De la centaine des pièces écrites par ses soins, seulement sept nous ont été transmises dont Les Perses (472 av. J.C), Les sept contre Thèbes (467 av. J.C) et Les suppliantes (463 av. J.C).

Ironie du sort, les circonstances de sa mort relèvent plutôt du comique. Selon la légende, un aigle aurait confondu le crâne chauve d’Eschyle avec un rocher et aurait lâché une tortue sur sa tête pour briser ainsi la carapace de l’animal et pouvoir se délecter de sa chair.

2) Rire tue : Chrysippe de Soles – 206 av. J.-C. et Pierre l’Arétin — 1556.

Chrysippe de Soles était un philosophe stoïcien. On le disait arrogant. Mais ce n’est pas ce trait-là de caractère qui l’a mené à la mort. Lors d’un banquet, quand il vit un âne mangeant des figues destinées aux invités, il fut pris d’un fou rire et finit par s’étouffer. Le voilà “mort de rire”. Peut-être aurait-il été plus sage pour Chrysippe de rester stoïque face à cette scène…

Pierre l’Arétin était connu pour ses œuvres comiques, notamment ses Ragionamenti, une œuvre littéraire où est tournée en dérision la société de son temps et particulièrement les sacrements religieux. La légende dit qu’il était avide de blagues douteuses. C’est cela qui le conduisit à la mort.

Lors d’un banquet — eh oui, lui aussi — à la suite d’une plaisanterie obscène, pris d’un fou rire incontrôlable, il tomba à la renverse et se fendit le crâne.

Pierre l'Arétin
Pierre l’Arétin

3) Une seconde chance ? L’abbé Prévost – 1763.

L’abbé Prévost était romancier, historien, journaliste, traducteur et homme d’Église français, célèbre notamment pour son ouvrage Manon Lescaut. Nous vous recommandons vivement cette lecture. L’œuvre ne vous semble pas assez accessible ? Trop démodée ? Pas de problème ! Lisez cette adaptation “modernisée” des Boloss des Belles Lettres.

Revenons à notre préoccupation première : de quoi l’abbé Prévost est-il mort ? Au retour d’une visite aux bénédictins, Prévost subit une crise d’apoplexie et est déclaré mort. Le chirurgien procède alors à l’autopsie. Horreur, l’abbé ouvre les yeux et pousse un cri. Son bourreau tente de réparer le méfait en recousant la plaie, mais il est trop tard. Cette fois Prévost est définitivement mort !

Jean Sgard, qui a travaillé sur l’œuvre de Prévost et a rédigé sa biographie, dément cette thèse. Dommage, l’anecdote est particulièrement amusante.

L'abbé Prévost
L’abbé Prévost

4) La clé : Nicolas Gilbert – 1780.

Nicolas Gilbert était un poète lorrain. Il présenta à un concours son poème le Poète malheureux, où s’accumulent de diverses lamentations :

(…)

Père aveugle et barbare, impitoyable mère !
Pauvres, vous fallait-il mettre au monde un enfant
Qui n’héritât de vous qu’une affreuse indigence ?
Encor, si vous m’eussiez laissé votre ignorance,
J’aurais vécu paisible en cultivant mon champ…
Mais vous avez nourri les feux de mon génie,
Mais vous-mêmes, du sein d’une obscure patrie,
Vous m’avez transporté dans un monde éclairé. 

(…)

Malheureusement pour lui, ses vers ne seront même pas récompensés – La Harpe aura le premier prix  ce qui nourrira l’acrimonie déjà très présente chez Gilbert.

Quelques années plus tard, il chute de cheval et se blesse à la tête. Conduit à l’Hôtel-Dieu de Paris, il y est opéré du trépan, ce qui lui cause des accès de folie. C’est ainsi que lors de sa convalescence, il aurait avalé la clé de sa cassette, ce qui a provoqué sa mort.

Cette histoire est à prendre avec des pincettes – elle émane de La Harpe –, mais n’en reste pas moins originale.

morts insolites des écrivains
Nicolas Gilbert

5) ♫♫ Aux Champs-Élysées ♫♫ : Ödön von Horváth –1938.

Ödön von Horváth était un dramaturge allemand, fervent opposant au régime nazi. (Ses livres feront l’objet d’un autodafé en 1933.)

Pour fuir la répression des fascistes, il erre à travers l’Europe et finit par se réfugier à Paris. Le 1er juin 1938, il se rend au rendez-vous avec un producteur pour l’adaptation cinématographique de son ouvrage Jeunesse sans Dieu.

C’est alors que devant le théâtre Marigny, une tempête déracine un marronnier, et von Horváth se fait tuer par l’une des branches. Une belle et triste mort aux Champs-Élysées.

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