Éditions la Compagnie Littéraire : Yann Gontard, bonjour. Il y a quelques semaines est paru votre récit de voyage : Journal d’un aventurier des temps modernes, Livre I, Moyen-Orient et Toc. Ce premier opus retrace votre tour du monde débuté en 1989 à travers des anecdotes et des rencontres. À à peine 24 ans, vous preniez votre sac à dos et partiez à l’aventure en stop, sans trop savoir à quoi vous attendre. Qu’est-ce qui a motivé votre départ ? Étiez-vous anxieux à l’idée d’affronter l’inconnu ?
Yann Gontard : Comme je le raconte dans le prologue, partir pour moi revenait à regarder vers l’avenir alors que ma mère, me voyant partir, se retranchait dans le passé. Terrible choc de deux générations ! J’étais donc totalement disponible et enthousiaste… mais également inconscient ! Comme ce voyage était le résultat d’une ancienne volonté née au Sénégal en 1978, je réalisais enfin l’un des projets qui me tenait le plus à cœur.
Éditions la Compagnie Littéraire : Dans votre Journal d’un aventurier des temps modernes, le récit est chronologique et à chaque jour son lot de découvertes et d’émotions. Pourtant, le lecteur peut se poser la question suivante : avez-vous été exhaustif dans votre narration, ou avez-vous occulté certains épisodes considérant que leur pertinence ne méritait pas une publication ?
Yann Gontard : Tout d’abord j’ai tenu un journal au jour le jour pendant ce voyage. J’ai ensuite laissé reposer ces notes pendant près de trente ans. Enfin j’ai ressenti comme une évidence de témoigner. Ainsi j’ai repris toutes ces notes. Certaines me paraissaient un peu vieillies, mais authentifiaient un morceau d’histoire, d’autres révélaient des aspects cocasses, inédits face à la découverte au quotidien de nouvelles personnes, nouveaux paysages, nouvelles aventures. Enfin quelques informations se révélaient redondantes, abstruses ou n’apportaient pas de pierre à cet édifice. Je les écartais ou les remettais au bon endroit. Ou les abandonnais définitivement si ressenties comme inutiles.
Éditions la Compagnie Littéraire : À la lecture de votre récit de voyage, on remarque un souci du détail plutôt bluffant. Quel est votre secret pour retranscrire vos aventures avec autant de précisions ?
Yann Gontard : Ce voyage a tourné autour de ces multiples notes, mais également plusieurs milliers de photos et cassettes audio que je regarde ou réécoute afin de me replonger, voire m’immerger, dans ces souvenirs. Par ailleurs la mémoire nous joue de drôles de tours, car elle retient certains détails qui n’étaient même pas dans ces carnets, mais qui ont profondément changé le jeune homme que j’étais et que j’ai eu cœur à retranscrire.
Éditions la Compagnie Littéraire : Quelle est l’anecdote ou la rencontre qui vous a le plus marqué dans ce premier opus et pourquoi ?
Yann Gontard : Il est difficile de ne retenir qu’une anecdote tant ces rencontres étaient riches et variées. Combien j’ai apprécié ces échanges avec l’armée syrienne à Wadi Rum ! La générosité de ce pauvre cycliste à Bosra qui me prit en autostop ! Cette rencontre avec ce prêtre catholique en Égypte qui m’a ouvert à la vie ! Ce réveil impromptu à la frontière gréco-turque par des gardes-frontières qui recherchaient – déjà ! – des migrants ! Etc.
Éditions la Compagnie Littéraire : Et si aujourd’hui ce tour du monde était à refaire, le referiez-vous ? Quelles dispositions supplémentaires prendriez-vous ?
Yann Gontard : Aujourd’hui je referais probablement un tour du monde différent, non dans les destinations, mais plutôt dans la manière… Je chercherais moins à vouloir tout faire tout de suite – belle spontanéité de la jeunesse ! – mais je tenterais de vivre dans quelques villes ou villages choisis sur des durées plus longues en étirant le temps pour mieux appréhender mes relations avec quelques personnes choisies. Bien entendu, certains des pays traversés semblent aujourd’hui difficiles d’accès. Quel dommage ! Car la population subissant des situations dramatiques reste bienveillante et pleine d’espoir : elle mérite forcément qu’on les aide et qu’on les aime.
Éditions la Compagnie Littéraire : Parce que le mot de la fin revient toujours à l’auteur, qu’aimeriez-vous dire à vos futurs lecteurs ?
Yann Gontard : Il s’agit d’un voyage initiatique, le mien d’abord. Même si je ne m’en rendais pas compte sur l’instant. Je comprends qu’aujourd’hui, le monde se complexifie, que la vie au quotidien empêche ce type d’expérience, la famille, le travail, des parents vieillissants, etc. Si je pouvais, par ces lignes, inviter mes lecteurs à vivre ce rêve qu’ils auraient souhaité réaliser sans jamais oser, alors je ressentirais cette joie simple d’avoir réussi à réenchanter la vie de quelques-uns de mes compatriotes.
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